La construction de routes au Tadjikistan est un élément du projet chinois visant à ouvrir des marchés en Asie centrale et accéder aux hydrocarbures.
Les chinois travaillent assidûment à la construction de la nouvelle route qui doit conforter l’influence de leur pays dans la très stratégique région d’Asie centrale. Ils mettent la dernière main à un tunnel près du village poussiéreux de Maikhoura, entouré de montagnes escarpées, à quelque 60 kilomètres au nord de la capitale tadjike, Douchanbé.
Une fois achevée, la route reliera sur 354 kilomètres Douchanbé à la ville de Tchanak, à la frontière tadjiko-ouzbèke, instaurant une artère commerciale vitale dans cette région très pauvre.
Elle fait partie d’une liste de plus en plus longue de projets d’investissement chinois destinés à transformer la géopolitique de cette zone à la fois stratégiquement placée et riche en hydrocarbures, autrefois zone d’influence de Moscou.
La construction de routes au Tadjikistan est un élément du projet chinois visant à ouvrir des marchés en Asie centrale et accéder aux hydrocarbures. C’est le principal intérêt de la Chine.
La Chine exerce une influence majeure sur la politique et l’économie de ces pays mais elle ne s’affiche pas, contrairement aux autres. (…) Sa politique est de travailler tranquillement contre les intérêts américains et russes.
Le président chinois Hu Jintao s’est rendu la semaine dernière en visite officielle au Tadjikistan afin de renforcer les liens économiques des deux pays.
« Nous travaillons à des projets dans l’électricité et les routes. A l’avenir, nous voulons investir dans l’agriculture, l’industrie légère, les télécoms, le secteur minier et les infrastructures », a-t-il dit après avoir rencontré son homologue tadjik Emomali Rakhmon mercredi. Ce dernier a qualifié la Chine de « grande amie » de son pays.
Les travaux de construction de la route sont financés grâce à un prêt chinois de 296 millions de dollars (201 M EUR). Des groupes chinois travaillent aussi à la mise en place d’un réseau de lignes électriques dans le pays, tandis que d’autres lui fournissent toutes sortes de biens manufacturés, qui vont des cosmétiques aux automobiles.
« Nous importons tout de la Chine », admet un responsable du ministère tadjik de l’Economie. Le volume des échanges entre les deux pays s’est élevé à 164 millions de dollars au premier semestre 2008, soit 160% de plus que sur la même période de l’année précédente.
Le président Hu a été accueilli à Douchanbé par de grandes affiches proclamant: « Bienvenue au Tadjikistan, chers amis chinois ! », ou encore: « La République Populaire de Chine est un ami proche, un voisin cher et un partenaire fiable! ».
Le président russe Dmitri Medvedev, également venu dans la capitale à l’occasion du sommet du l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS – Russie, Chine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizstan), n’a pas bénéficié d’autant d’attention.
« La Russie n’a pas de politique claire en Asie centrale et cela laisse la voie libre à la Chine », soulignent les analystes tadjiks. Cette dernière a investi plus de 1 milliard de dollars au Tadjikistan depuis le début des années 90, bien plus que n’importe quel autre pays.
Mais les Etats-Unis et l’Iran, eux aussi conscients des enjeux liés à cette région, mettent également la main à la poche pour la construction d’infrastructures routières dans le pays. La Russie s’efforce de regagner son emprise en se portant candidate à des projets hydroélectriques ou dans le secteur de l’aluminium.
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